358                       Les Spectacles de la Foire.
III
Sur la requête préfentée au Roi étant en fon confeil par Ies fieurs Gaillard et Dorfeuille, entrepreneurs du fpectacle des Variétés établi au Palais-Royal, contenant que Sa Majefté voulant améliorer les revenus de l'Académie royale de mufique et la mettre en état de fournir aux dépenfes que ce théâtre exige, lui a accordé dans cette vue le privilège de tous les fpectacles forains établis en vertu de permiffions du Lieutenant général de police, pour les exercer ou faire exercer, les affermer ou les concéder. En conféquence de cette attri­bution, il a été paffé bail aux fupplians du privilège du fpectacle des Variétés pour 15 années, moyennant 30,000 livres de prix de bail à cha­cune defdites quinze années, avec faculté de l'établir partout où bon leur fembleroit de l'agrément du Lieutenant général de police ; et, en vertu de cette faculté et de l'agrément du Lieutenant général de police, les fupplians ont transféré leur fpectacle au Palais-Royal où ils ont fait conftruire une falle provifoire en attendant la conftruction de celle que M. le duc d'Orléans, par un traité préliminaire, avoit promis de leur faire conftruire dans fon palais. Ce traité a été fuivi d'un autre paffé devant Rouen et fon confrère, notaires à Paris, le 6 février 1787, par lequel M. le duc d'Orléans s'eft obligé de faire conftruire et de livrer aux fupplians au plus tard le Ier avril de ia préfente année une falle de fpectacle conforme aux plans annexés à l'acte qui leur en affure le bail pour trente années confécutives à- compter de cette mème époque du premier avril prochain. Les fupplians lors de leur établiffement au Palais-Royal, en confidération de la permanence qu'ils obtinrent en ce moment pour leur fpectacle et de l'expectative dont on les flatta pour la pro­rogation du privilège, portèrent dès cet inftant à 40,000 1, au lieu de trente le prix annuel du bail. Cette augmentation de redevance, les facrifices con-fidérables qu'ils ont faits lors de leur entrée en jouiffance pour défîntéreffer les créanciers de leurs prédéceffeurs auxquels ceux-ci avoient été forcés de faire abandon de leur entreprife, les procès qu'ils ont effuyés de Ia part dc ces mêmes prédéceffeurs, les frais de la tranflation de leur fpectacle au Palais-Royal et notamment Ia conftruction de leur falle provifoire qui leur a coûté 120,000 1. ; enfin les 360,000 livres qu'ils ont verfées dans le Tréfor de M. le duc d'Orléans aux termes de l'acte du 6 février 1787, après avoir épuifé toutes leurs reffources perfonnelles, les ont mis dans la néceffité de contracter des engagemens très-confidérables dont il leur feroit impoffible de fe libérer dans les dix années qui retient à courir de leu,r bail. Dans cette pofition, ayant le plus grand intérêt non-feulement d'affurer leur état et celui de leurs familles, mais encore de trauquillifer leurs créanciers, ils fe croient fondés à efpérer de la bonté et de la juftice de Sa Majefté la prorogation de jouiffance qui leur eft néceffaire pour fe liquider et retirer le fruit légitime de leurs avances et de leurs travaux. Quelqu'énormes que foient déjà leurs charges